Commentaire :
L’information relative aux restrictions de visa de court séjour, imposées par la France aux hommes d’affaires algériens, a tourné en boucle ces derniers jours dans les journaux algériens, suscitant diverses réactions, tout d’abord celle de notre ministère des affaires étrangères, qui a exprimé son incompréhension et qui a déclaré « qu’il n’a pas été consulté par les autorités françaises avant la prise de cette décision ».
Les premiers concernés par ces mesures, à savoir le patronat, n’ont pas tardé à réagir en les qualifiant d’"excessives et discriminatoires", pauvres hommes d’affaires algériens ! -- pauvres par ce qu’ils ont été touchés dans leur amour propre, non pas parce qu’ils n’ont pas d’argent--, nuance.
Du côté de la classe politique, même le parti al Nahdha, qui se dit islamique, donc pas pro-occidental ou du moins idéologiquement, a publié un communiqué dans lequel il dénonce cette décision et demande aux autorités algériennes d’appliquer, et je cite, « le principe de réciprocité », comme si les hommes d’affaires français font la queue devant les consulats algériens en France pour demander le précieux sésame qu’il leur permet de venir en Algérie !!!
Moi je ne vous cache pas que je suis content de cette décision du gouvernement français, la seule du gouvernement Sarko d’ailleurs qui m’a fait vraiment plaisir.
Aller, dorénavant nos glorieux « hommes d’affaires » seront traités sur le même pied d'égalité que le reste de la population, au moins dans l’attribution de visas pour l’étranger, eux, qui ont les bras trop longs à l’intérieur du pays.
Vous allez dire pourquoi tant d’animosité envers nos patrons? Je vous dirais pourquoi, un simple citoyen qui veut amener son père ou sa mère se soigner en France, il se voit obliger de faire le parcours du combattant pour avoir le visa, au moment que nos hommes d’affaires vont en pèlerinage chaque fin d’année dans ce pays pour fêter le réveillon !? Et ne me dites pas que ce n’est pas vrai, car on les voyait venir en masse chaque fin d’année en France.
Personnellement, j’ai des doutes sur la période même durant laquelle cette décision a été prise, et qui coïncidait, comme par hasard, avec ce traditionnel « pèlerinage », peut-être que les autorités françaises ont voulu par cette mesure gâcher la fête à ces moqueurs de, oh pardon, je voulais dire à ces moteurs de l’économie nationale.
À propos de pèlerinage, j’ai eu l’occasion de rencontrer ici à Montréal, un de nos sacrés hommes d’affaires, qui venait en visite familiale au Canada, juste après avoir effectué le pèlerinage à La Mecque. Ce monsieur est propriétaire d’une grande entreprise de travaux publics dans l’ouest du pays, en discutant avec lui des attributions de marchés en Algérie, l’entrepreneure n’a pas caché le rôle que jouent les pots-de-vin dans l’attribution de ces derniers, un véritable secret de polichinelle en Algérie, « c’est une condition sine qua non si tu veux que ton entreprise survive » me dit-il.
Pour l’anecdote, il m’a avoué que c’est « à cause de cela d’ailleurs, qu’il allait chaque année à La Mecque avec sa famille, ils partaient-dit-il- se purifier des péchés de la corruption qu’il se voyait obliger de donner pour décrocher des projets dans son secteur ! Quelle extraordinaire idée! Qui a dit que nos big boss n’ont pas d’idées originales ?
Qu’ils ne viennent pas nous dire que les restrictions de visa pour nos hommes d’affaires, va nuire à l’économie algérienne, cette décision va nuire aux « besnassias », aux trabendistes, c’est ainsi qu’il convient de les appeler, car ils n’ont jamais été créateurs de richesses, sauf pour eux-mêmes et leurs proches, bien sûr, et de la façon dont tout le monde est au courant.
Qu’ils ne nous disent pas, non plus, que le problème des visas est un problème qui entrave les relations algéro-françaises.
Quand on entend nos politiciens nous rabâchés de discours sur la colonisation, sur les excuses françaises et les indemnisations, notamment celles des victimes des essais nucléaires français dans le désert algérien, ensuite on voit, ces mêmes hommes politiques, avorter le projet de loi incriminant la colonisation, et qui a été, rappelons le, proposé par des députés de l’assemblé algérienne « souveraine », on comprend mieux pourquoi ils se sentent tellement offusqués par les restrictions de visas.
Omar
Le 05 janvier 2010